cahier de
musique A. Maubert - 1762
Enfin,
le manuscrit du Fonds Maubert du Musée de Grasse, lui, pose un problème
quant aux
tonalités et à l'étendue des airs, mais d'autre part il est daté du 4
septembre 1762 et signé
"Maubert" et il semblerait que ce dernier, riche négociant grassois,
était propriétaire d'une vielle
qui est encore en notre possession. En plus, une grande partie des airs
copiés sont identiques à
ceux retrouvés dans le répertoire des vielleurs.
Par
contre, les tonalités employées pourraient très bien convenir au flûtet
tambourin. Il faut
savoir que, durant le XVIIIe
siècle, l'aristocratie parisienne découvre
cet instrument champêtre
(autant que les deux instruments à bourdons). Il change de nom et
devient le galoubet
provençal. Lui aussi a joué un rôle important dans le nouveau genre
musical de l'époque, issu
des spectacles de foires "l'opéra-comique" (sujet qui sera traité plus
loin).
Le
dépouillement du Manuscrit Vm7 3643 qui contient 386 pages, nous a
permis d'avancer que
certains airs déjà contenus dans d'autres recueils étaient bien des
contredanses. Nous avons
donc pu élaborer un fichier informatique de contredanses, nous en
sommes actuellement
arrivée à un total de 900 environ, certaines ont le même titre mais des
airs différents, d'autres se
retrouvent à la fois dans plusieurs manuscrits et recueils.
D'autres
fichiers sont prévus pour tout air sans titre ; car on trouve ces
derniers en très grand
nombre dans les airs de danse comme les menuets, les cotillons… et
c'est le seul moyen efficace
pour les dépouiller. Pour cela il va falloir associer deux logiciels :
un, d'écriture musicale et un
autre, de catalogage ; ce qui d'après nos connaissances n'a pas encore
été réalisé.
Mais
d'ores et déjà, nous pouvons commencer, grâce à ce dépouillement
systématique, à faire
de très intéressants rapprochements soit entre airs du XVIIIe
siècle
(musique de cour et musique
d'inspiration populaire) soit entre airs du XVIIIe
siècle et airs
retrouvés dans le répertoire
traditionnel régional.
Prenons
quelques exemples qui vont nous démontrer la très forte proximité qui
existait entre
musique "composée" par un auteur et les airs que l'on entendait sur
toutes les lèvres autant à la
Cour que parmi le Peuple.
1
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L'air
de la "bohémienne" est noté dans plusieurs recueils comme contredanse
mais fait aussi partie d'une œuvre de Campra : "les fêtes vénitiennes" |
2 - |
L'air
du rigodon de "L'Europe Galante" du même auteur est noté maintes et
maintes fois comme contredanse intitulée : "Magdelon friquet" |
3 - |
Nous
retrouvons l'air de l'opéra-comique de Dauvergne :
"les troqueurs" dans
le manuscrit Rés. 1177, comme air de vielle |
4 - |
L'air
du tambourin de Rameau est noté à plusieurs reprises comme contredanse
intitulée : "la queue du chat" et pour laquelle on a
retrouvé
des
paroles |
5 - |
Toujours
après dépouillement du répertoire des vielleurs, nous nous trouvons en
présence dans différents recueils du même air mais pas toujours affublé
du même titre :
* |
dans
la méthode de vielle de Michel Corrette nous avons une contredanse
intitulée : "la Provençale" |
* |
Esprit
Philippe Chédeville édite le même air dans son "4eme
recueil de
vaudevilles, contredanses…" sous le titre "tambourin" |
* |
En
fait cet air est le rigodon de J. Joseph Mouret, extrait de sa pièce
"la Provençale" et pour mentionner que celui-ci devait être joué au
galoubet-tambourin, il
mentionna au début de l’air : "tambourin".
En
tant que danse, ce n'est pas un tambourin, comme pourrait nous le
faire croire le titre de E. Ph. Chédeville mais un
rigodon.
Mais ces deux
danses ne semblent pas très éloignées si on en croit Quantz.
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rigaudon
- tambourin - Rousseau - Quantz
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cahier
de
musique A. Maubert - 1762
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II
faut être très prudent dans les comparaisons de titres. Dans les
manuscrits dépouillés et notamment dans le Ms 2547, nous rencontrons
souvent des pièces de F. Couperin ; ce n'est pas étonnant puisque
d'après des écrits de l'époque et une étude sociale, les Nobles et les
"Honnêtes Gens", qui ont contribué à la mode de la vielle, savaient
tous jouer du clavecin. Ils y adaptèrent donc leur répertoire habituel
et leurs connaissances techniques d'un instrument à clavier (doigté et
articulation).
Mais
les mêmes titres reviennent, très souvent des erreurs peuvent se
glisser :
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Exemple
: il existe des airs de contredanse intitulés : "la blonde et la brune"
(in Ms 3643).
Dans le répertoire pour clavecin de Couperin on retrouve la même
mélodie mais sous le titre : "la babet et la brune" (in Ms 2547). |
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Par
contre, toujours dans ce même manuscrit est notée une pièce de Couperin
sous le nom de : "calotines-calotins" mais la mélodie est différente de
celle des contredanses intitulées :"calotines et calotines 2e"
(in Ms 3643). |
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Comme
on peut donc voir F. Couperin a, à plusieurs reprises, emprunté des
titres connus pour intituler ses pièces de clavecin ce qui génère des
confusions. Nous en trouvons encore deux exemples dans le Ms 2547 :
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la
musette de Choisy", de ce dernier n'a pas la même mélodie que la
contredanse "la Choisy" (in Ms 3643) |
* |
l'air
de "la Bourbonnaise" n’a rien à voir avec celui de la contredanse du
même nom (in Ms 3643) |
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