Parodies de Jean-Baptiste Lully

Dans nos recherches appliquées sur le répertoire de la vielle à roue  sous l’Ancien Régime en France, nous avons trouvé, grâce à notre banque de données Cythère, un certain nombre d’airs de Jean-Baptiste Lully. Pourtant à l’époque où ces airs ont été adaptés et transcrits par des compositeurs de musique connus de nos jours mais aussi par des musiciens « amateurs » restés anonymes,  il y a bien une cinquantaine d’années qui se sont écoulées depuis la publication des œuvres de ce compositeur.

Notre démarche, de se fixer sur les adaptations d’œuvres d’un compositeur, a déjà eu lieu dans ce programme illustré sur Jean-Joseph Mouret

En cette année 2022 nous avons choisi des parodies d’opéras de Jean-Baptiste Lully, qui ont été publiées en 1714 par l’imprimeur Ballard, l’imprimeur exclusif de la Cour de France. Comme de nos jours, ces éditeurs ne finançaient ces publications que s’ils estimaient qu’elles allaient avoir du succès. Ce fut le cas pour ce genre musical. A la même époque, on se pressait dans les salons de tout le Royaume de France pour y entendre chanter un certain Michel Lambert, le beau-père de Jean-Baptiste Lully.

Ces opéras de Lully ont été donnés pour la première fois en public entre 1668 et 1677. Près de 30 ans plus tard, on en retrouve des extraits sous la forme de parodies ; on peut donc imaginer le succès que ces opéras ont eu dès leur sortie. Pour n'en citer que quelques uns les grottes de Versailles, Atys, Isis

Les parodies sont un style musical très en vogue au XVIIe siècle. Mais que veut dire « parodier » ? C’est mettre des nouvelles paroles sur des airs instrumentaux. Le sujet initial des opéras étaient alors remplacé par des paroles sur un thème beaucoup plus apprécié par tout le monde : l’ Amour, du vin et des femmes : c'est-à-dire des Amours terrestres.  A l’origine ces airs étaient pratiquement toujours des airs de danses comme des courantes, des gaillardes, des branles, des bourrées, des passepieds, des menuets, des allemandes, des chaconnes… Une fois l’air apprécié par le public, il passait de bouche à oreille dans les boudoirs, les antichambres, mais aussi dans les cuisines et dans les rues…

En voici quelques extraits

Un démon malicieux sur un air de l'opéra d'Isis

Un amant chagrin sur un autre air du même opéra

Pour chasser le chagrin sur un air de l'opéra d'Atys

Les jeux et les ris sur un autre air du même opéra

Jamais je ne suis triste quand je bois du vin une chaconne extraite de l'opéra "le Carnaval"

Amis n'ayons plus de tendresse sur un air de l'opéra de "la grotte de Versailles"

Dans ce programme musical, nous avons souhaité associer à ces parodies, des chants qui ont été notés dans un carnet manuscrit par un chanteur  « amateur » dans l’idée de pouvoir les interpréter à tout moment devant son public.

Ce carnet de chants est conservé dans le Comtat Venaissin et a surtout la particularité de contenir des chants en français ancien (langue d’oïl) et en langue d’oc. Le transcripteur, comme souvent, a ordonné son cahier, il a séparé les chants en langue d’Oïl et les chants en langue d’Oc. Leur esthétique musicale semble être de la même époque que les parodies publiées par Ballard.

Ce mélange de langues du XVIIeme   attire bien souvent, de la part de notre public, une certaine curiosité.

Voici donc par Damien Roquetty

Pauvre avare en français reconstitué du XVIIe siècle
M'avias jurat en langue d'oc

En voici quelques extraits.

Un berger m'es vengut dire

Ma chère Catinette

Jeannette

D'un pichot

Pour en savoir plus sur ces cahiers manuscrits de musique de l’Ancien Régime

Ce programme musical a été filmé dans la chapelle des Pénitents de Villefranche de Rouergue

Il a été donné pour les Journées européennes du Patrimoine dans une jolie chapelle de

Saint Amans de Varés - commune de Sévérac d’Aveyron

et à Grasse - Alpes Maritimes

Novembre 2022