Musiques de salon et musiques savantes au XVIIIe siècle
recherche et diffusion
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RECHERCHES SUR LES RAPPORTS ENTRE LES MUSIQUES DE SALON
ET LES MUSIQUES POPULAIRES DES XVIIIe ET XIXe SIÈCLES
APRÈS ÉTUDE DU RÉPERTOIRE POUR INSTRUMENTS À BOURDONS
2 - Dépouillement (suite)
2.2 Les manuscrits
cahier de musique A. Maubert - 1762
Enfin, le manuscrit du Fonds Maubert du Musée de Grasse, lui, pose un problème quant aux tonalités et à l'étendue des airs, mais d'autre part il est daté du 4 septembre 1762 et signé "Maubert" et il semblerait que ce dernier, riche négociant grassois, était propriétaire d'une vielle qui est encore en notre possession. En plus, une grande partie des airs copiés sont identiques à ceux retrouvés dans le répertoire des vielleurs.
Par contre, les tonalités employées pourraient très bien convenir au flûtet tambourin. Il faut savoir que, durant le XVIIIe siècle, l'aristocratie parisienne découvre cet instrument champêtre (autant que les deux instruments à bourdons). Il change de nom et devient le galoubet provençal. Lui aussi a joué un rôle important dans le nouveau genre musical de l'époque, issu des spectacles de foires "l'opéra-comique" (sujet qui sera traité plus loin). 
Le dépouillement du Manuscrit Vm7 3643 qui contient 386 pages, nous a permis d'avancer que certains airs déjà contenus dans d'autres recueils étaient bien des contredanses. Nous avons donc pu élaborer un fichier informatique de contredanses, nous en sommes actuellement arrivée à un total de 900 environ, certaines ont le même titre mais des airs différents, d'autres se retrouvent à la fois dans plusieurs manuscrits et recueils.
D'autres fichiers sont prévus pour tout air sans titre ; car on trouve ces derniers en très grand nombre dans les airs de danse comme les menuets, les cotillons… et c'est le seul moyen efficace pour les dépouiller. Pour cela il va falloir associer deux logiciels : un, d'écriture musicale et un autre, de catalogage ; ce qui d'après nos connaissances n'a pas encore été réalisé.
Mais d'ores et déjà, nous pouvons commencer, grâce à ce dépouillement systématique, à faire de très intéressants rapprochements soit entre airs du XVIIIe siècle (musique de cour et musique d'inspiration populaire) soit entre airs du XVIIIe siècle et airs retrouvés dans le répertoire traditionnel régional.
Prenons quelques exemples qui vont nous démontrer la très forte proximité qui existait entre musique "composée" par un auteur et les airs que l'on entendait sur toutes les lèvres autant à la Cour que parmi le Peuple.
1 - L'air de la "bohémienne" est noté dans plusieurs recueils comme contredanse mais fait aussi partie d'une œuvre de Campra : "les fêtes vénitiennes"
2 - L'air du rigodon de "L'Europe Galante" du même auteur est noté maintes et maintes fois comme contredanse intitulée : "Magdelon friquet"
3 - Nous retrouvons l'air de l'opéra-comique de Dauvergne : "les troqueurs" dans le manuscrit Rés. 1177, comme air de vielle
4 - L'air du tambourin de Rameau est noté à plusieurs reprises comme contredanse intitulée : "la queue du chat" et pour laquelle on a retrouvé des paroles
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Toujours après dépouillement du répertoire des vielleurs, nous nous trouvons en présence dans différents recueils du même air mais pas toujours affublé du même titre :
dans la méthode de vielle de Michel Corrette nous avons une contredanse intitulée : "la Provençale"
Esprit Philippe Chédeville édite le même air dans son "4eme recueil de vaudevilles, contredanses…" sous le titre "tambourin"
En fait cet air est le rigodon de J. Joseph Mouret, extrait de sa pièce "la Provençale" et pour mentionner que celui-ci devait être joué au galoubet-tambourin, il mentionna au début de l’air : "tambourin".
En tant que danse, ce n'est pas un tambourin, comme pourrait nous le faire croire le titre de E. Ph. Chédeville mais un rigodon.  Mais ces deux danses ne semblent pas très éloignées si on en croit Quantz.

rigaudon - tambourin - Rousseau - Quantz
cahier de musique A. Maubert - 1762

II faut être très prudent dans les comparaisons de titres. Dans les manuscrits dépouillés et notamment dans le Ms 2547, nous rencontrons souvent des pièces de F. Couperin ; ce n'est pas étonnant puisque d'après des écrits de l'époque et une étude sociale, les Nobles et les "Honnêtes Gens", qui ont contribué à la mode de la vielle, savaient tous jouer du clavecin. Ils y adaptèrent donc leur répertoire habituel et leurs connaissances techniques d'un instrument à clavier (doigté et articulation).
Mais les mêmes titres reviennent, très souvent des erreurs peuvent se glisser :
Exemple : il existe des airs de contredanse intitulés : "la blonde et la brune" (in Ms 3643).
Dans le répertoire pour clavecin de Couperin on retrouve la même mélodie mais sous le titre : "la babet et la brune" (in Ms 2547).
Par contre, toujours dans ce même manuscrit est notée une pièce de Couperin sous le nom de : "calotines-calotins" mais la mélodie est différente de celle des contredanses  intitulées :"calotines et calotines 2e" (in Ms 3643).
Comme on peut donc voir F. Couperin a, à plusieurs reprises, emprunté des titres connus pour intituler ses pièces de clavecin ce qui génère des confusions. Nous en trouvons encore deux exemples dans le Ms 2547 :
la musette de Choisy", de ce dernier n'a pas la même mélodie que la contredanse "la Choisy" (in Ms 3643)
l'air de "la Bourbonnaise" n’a rien à voir avec celui de la contredanse du même nom (in Ms 3643)

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